Liège-Huy-Waremme. Dumping social, 1 ouvrier sur 5 est étranger! Un Belge coûte deux fois plus cher

Le dumping social ne cesse de faire des dégâts dans le secteur de la construction en Belgique. Le secteur tire régulièrement la sonnette d'alarme et attend des mesures du monde politique. Si certaines avancées sont soulignées tant par la Confédération construction (national) que par la Chambre de la construction de Liège-Huy-Waremme, les pertes d'emplois continuent: moins 20.000 en Belgique depuis 2012, d'après la CC, qui se base sur les chiffres de l'ONSS. La faute: une concurrence déloyale venue de l'étranger.

Depuis plusieurs années déjà, les pertes d'emplois se multiplient dans le secteur de la construction. D'après les chiffres de la Confédération de la Construction, représentante des employeurs au niveau national, 20.000 postes sont ainsi passés à la trappe depuis 2012. «Et d'après nos projections, il pourrait bien y avoir encore 25.000 autres emplois perdus d'ici la fin de cette législature (en 2019, NDLR)», déplore Robert de Mûelenaere, administrateur-délégué.
Pour la seule province de Liège, le chiffre est de 1.851 postes perdus en moins de quatre ans… La faute évidemment à une main-d'œuvre étrangère à laquelle recourent d'ailleurs certaines entreprises belges via l'utilisation infinie de sous-traitants. D'après les chiffres fournis par la Chambre de la construction de Liège, à la mi-2016, on répertoriait 19.306 ouvriers dans la construction sur Liège-Huy-Waremme. «15.136 sont belges, contre 4.170 étrangers. Ce qui représente un travailleur étranger sur cinq.
C'est énorme», déplore Adrien Dawans, directeur de la CCL. D'après ses décomptes, le top 3 des nationalités des ouvriers étrangers et le suivant: les Portugais (28%), les Roumains(22%) et les Polonais (21%).

BAIN DE SANG SOCIAL EN 2017?
Le futur proche ne s'annonce pas rose. «Nous nous attendons à ce que 2017 soit un bain de sang social dans le secteur de la construction», lance Adrien Dawans, directeur de la Chambre de la construction de Liège(CCL). Ce dernier, qui montait régulièrement au créneau pour dénoncer l'inactivité du monde politique sur cette problématique du dumping social, souligne toutefois qu'aujourd'hui, certaines choses ont été obtenues. Et de citer des noms: «Je pense à Marc Tarabella qui, au niveau européen, s'est battu pour qu'une directive sur les marchés publics soit adoptée. Frédéric Daerden a aussi été un précurseur, puisque c'est à Herstal qu'il y a eu la première charte contre le dumping social au niveau communal, avec des exigences et des sanctions à la clé. Enfin, le ministre wallon Christophe Lacroix a fait que l'on doive introduire des clauses anti-dumping dans tous les marchés publics wallons, mais aussi dans tous les marchés que la Région wallonne subsidie.» Le fédéral, par contre, ne trouve pas grâce à ses yeux.

Au contraire de Robert de Mûelenaere, qui souligne que le ministre Willy Borsus (MR) a été réceptif à plusieurs arguments avancés: «Le port d'un badge d'identification par tous sur les chantiers est une mesure importante et un avant-projet de loi est en préparation. On sent donc une volonté politique d'avancer, commente l'administrateur-délégué de la Confédération Construction. De même que sur la limitation de la chaîne de sous-traitance à deux ou trois niveaux, selon les cas. Là aussi, un arrêté royal devrait entrer en vigueur au premier semestre 2017.»
Carton rouge, par contre, à l'aspect compétitivité des entreprises du secteur. En effet, s'il y a bien eu un accord avec le ministre Borsus pour dégager une enveloppe budgétaire de quelque 600 millions d'euros pour aider le secteur au niveau du coût salarial, la mise en œuvre dudit accord est reportée à… 2019 !  «Or, en 2019, ce sera un autre gouvernement. De plus, d'ici à cette date, il y aura encore eu des pertes d'emplois. On ne peut attendre.» Ceci étant, le secteur estime que la période précédant notamment les élections communales de 2018 va permettre une amélioration de l'activité. Reste à voir si ce regain d'activité attendu se traduira par une augmentation des emplois locaux… Gaspard Grosjean (La Meuse du 15 décembre)

Un Belge coûte deux fois plus cher

Plusieurs chiffres traduisent bien la réforme du secteur de la construction en région liégeoise. Au niveau du coût salarial, cela donne:
- ouvrier belge: 32€/h
- ouvrier polonais: 22€/h
- ouvrier portugais ou roumain: 27€/h
- ouvrier bulgare: 25€/h.
«Voilà ce que cela représenterait si les dispositions légales dans le cadre du recours à des travailleurs détachés étaient respectées. On voit déjà qu'à la base, on souffre d'un handicap salarial manifeste. C'est pourquoi il faut que le gouvernement active le budget de 600 millions d'euros prévus à cet effet au plus vite», confie Robert de Mûelenaere. Adrien Dawans renchérit: «Malheureusement, ces chiffres ne sont même pas respectés et dans la réalité, on tourne à 15-16 €/h pour ces ouvriers polonais, portugais, roumains ou bulgares…»- G.G.

http://tinlot.blogs.sudinfo.be/archive/2016/12/16/liege-huy-waremme-dumping-social-1-ouvrier-sur-5-est-etrange-210757.html

 





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